Comme pour les connaissances sur les plantes, nos principales sources sont la loi salique et l’archéologie. La loi salique fait mention de variétés végétales cultivées et d’animaux élevés. L’archéologie permet l’analyse des macro-restes végétaux (vestiges de grains, noyaux, coques…) et des pollens (palynologie), mais aussi des ossements animaux trouvés en fouilles (archéo-zoologie).

L’alimentation d’origine végétale

Plantes cultivées

  • Les céréales

Élément fondamental de l’alimentation des Germains (comme des Gaulois), les céréales sont consommées sous forme de pain, de galettes, de bouillies de farine (cf Loi salique, titre 48). L’existence de moulins est attestée par la loi salique (titre 24). L’analyse des macro-restes et des pollens, et la découverte de silos enterrés ou de greniers sur de nombreux sites mérovingiens confirment la culture de blé, de seigle, de froment, d’avoine, d’orge, d’épeautre, de millet. Des fours de cuisson ont été découverts sur divers sites (Goudelancourt par exemple). On pense aussi que certaines céréales permettaient la fabrication de bière.

grenier

Chaudron

  • Les légumineuses

Elles sont bien attestées : pois, fèves, lentilles. Leur intérêt réside dans leur facilité de conservation une fois sèches et dans leurs qualités nutritives.

couteaufèvesblé

  • Navets et panais

(Capitulaire De villis, et loi salique titre 29)

  • La vigne

Elle est attestée en Ile de France (à Ecuelles et Villiers-le-Sec) et dans la loi salique (titres 8, 10, 29). Le vin était une production de luxe réservée à une élite sociale.

  • Les fruits

Pommes, poires, pêches, prunes. Les Francs savaient greffer les arbres fruitiers (cf loi salique, titre 29). Ils cueillaient aussi des noix et noisettes. Vous pouvez découvrir la plupart de ces plantes dans le Jardin Archéologique.

Les plantes non cultivées

herbes

Il est très logique de penser que, comme le font tous les peuples qui vivent près de la nature et comme on le faisait dans nos campagnes il y a peu de temps encore, les plantes sauvages étaient utilisées à des fins culinaires, condimentaires ou médicinales. La soupe d’orties ou à base d’autres herbes sauvages a pu figurer au menu des Francs.

On sait par la loi salique qu’ils utilisaient des plantes pour fabriquer des potions en vue de « maléfices », boissons magiques aux herbes (herbas). Les baies (sureau, mûres, framboises…) devaient être récoltées pour être consommées.

L’alimentation d’origine animale

Le bétail est l’objet de toute l’attention de la loi salique car c’est une marque de richesse dans la société franque. Les 7 premières rubriques lui sont entièrement consacrées et il apparaît dans d’autres titres.

Les fouilles ont aussi livré une grande quantité d’ossements animaux dont l’analyse archéo-zoologique a tiré bon nombre d’informations (cf l’étude archéo-zoologique de Goudelancourt -lès -Pierrepont).

A Goudelancourt, on élevait des porcs (pour la viande), des bovins (avant tout pour leur force de travail, mais ils étaient abattus et consommés quand ils devenaient vieux ; on en obtenait aussi du lait et du beurre), des ovins (élevés en priorité pour leur laine, mais ils pouvaient aussi fournir du lait et on les abattait lorsqu’ils étaient vieux), de la volaille (qui fournissait viande et œufs).

mouton

oies

La loi salique mentionne des porcs (troupeaux élevés en liberté et guidés par une truie portant une clarine attachée au cou, comme les vaches dans nos alpages !), des bovins, des ovins, des chèvres, des oies domestiques, des canards, des coqs et des poules, et même des cygnes et des grues domestiques (pour la consommation ou pour l’agrément ?).

L’usage de ruches est aussi mentionné pour l’élevage des abeilles. Le miel pouvait sucrer les aliments, entrer dans la composition de boissons (du type hydromel), ou bien peut-être permettre la conservation d’aliments.

Si à Goudelancourt la part de la chasse dans l’alimentation est inexistante, la loi salique fait état de pratiques qui l’attestent ailleurs : tourterelles « prises dans un filet », petits oiseaux dans des lacs ou pièges, éperviers et faucons, et utilisation de chiens de chasse.

En conclusion, même si aucune recette des campagnes mérovingiennes ne nous est parvenue, l’image que nous offrent les résultats d’analyses archéologiques et la loi salique sur l’alimentation à l’époque mérovingienne n’a rien de misérabiliste.

Nous évoquerons, dans un prochain article, la cuisine telle que nous pouvons l’imaginer au regard des découvertes de fouilles. En attendant, nous vous invitons à découvrir la recette de la soupe aux fèves que vous pouvez goûter lors de nos Journées Mérovingiennes.